¤Glace...¤

La gorge nouée, le ventre douloureux, Veïa traversa la pont et entra dans le hall. Elle s'adressa à la secrétaire et ne donna aucun regard au magnifique hall qui s'épanouissait devant elle. Elle avait d'autres chats à fouetter. Elle passa en coup de vent dans sa chambre et saisit des patins à glace. Les couloirs s'enfilaient devant ses yeux, mais la jeune femme courait, courait. Elle ne se rendait compte de rien et n'aspirait qu'à une chose: se glisser dans ses patins et fouler la glace...

Quand la porte de la patinoire se profila, la jeune femme poussa un soupir de soulagement. Seulement, une personne était déjà là...

[UNE SEULE PERSONNE, please]

Assise sur la glace depuis elle ne savait combien de temps, Aurore pleurait à chaude larmes.

Le message qu'elle avait reçut il y avait à peine une heure l'avait secoué, et pour une simple raison: Eric était entre la vie et la mort.

Incappable de rester sans rien faire, elle avait prit rapidement ses patins à glace poussièreux, puis était aller dans la patinoire, déserte à cette heure-ci. A peine la glace foulée, les souvenirs d'Eric et d'elle lors deleurs premières rencontre, était venues à elle, et elle s'était laissée tomber sur la glace.

Le bruit de la porte ouverte fut couvert par ses pleurs.

Une masse sombre se tenait sur la glace. De l'eau semblait s'en écouler et une petite flaque se formait peu à peu. Le regard d'océan parcourut la silhouette et crut reconnaitre une connaissance. Les yeux toujours tournés vers la forme, elle enfila ses patins et se jeta sur la glace, telle une nagueuse plonge dans sa piscine... La sensation lui fit tout oublier, sauf la forme. Une traînée se dessina jusqu'à la silhouette. Veï s'accroupit, effleurant la masse...

La tête dans les bras, Aurore se calma.Le froid lui était profitable et reposant. Elle reprit son souffle, tout en croyant entendre des bruits contre la glace.
La jeune fille vit alors une forme aller vers elle.
Aurore ne put s'empêcher de sursauter.

"Oh, Veïa, tu m'as fais peur!"

Elle reconnut son amie et un sourire forcé, le visage remplie de larme qu'elle effaça de rapide coup de manche.

Un visage apparut alors. Celui d'Aurore, celui d'Aurore, complètement couvert de larmes. Celle-ci les essuya d'un revers de manche, mais cela n'échappa pas à Veïa. Sentant que ce n'était pas le moment de parler de ça, elle saisit la main de son maie, pour l'aider à se relever.

Un sourire arriva sur le visage pâle de la jeune femme. Pendant que son amie se levait, elle murmura, comme pour elle même...

-Oui, à ce que je vois...

Aurore saisit la main de Veïa pour se lever maladroitement. Elle savait bien que ses larmes ne pouvaient plus être secrêtes, et au fond d'elle, elle se sentait honteuse, comme les petites filles que l'on punit quand elles chippent un bonbon à la boulangerie.

"Veïa, j'ai à te parler..."

La grâce est fragile, la glace l'est aussi. Inspiration soudaine qui fit réfléchir la jeune femme. Son amie dansait avec une telle grâce, qu'elle ne pourrait l'expliquer. Elle était fragile, aussi, beaucoup plus fragile qu'une autre femme. La phrase de son amie finit de l'achever. Elle se dirigea vers le bord de plastique blanc, et attendit, l'encourageant des yeux.

Aurore n'essaya même pas de se relever, elle savait d'avance qu'elle n'en aurait jamais le courage.

*Les apparences sont trompeuses.*

Malgré le sourire qu'Aurore essayait d'afficher le plus souvent possible, un rien brisait sa bonne humeur. Heureusement, ses amis étaient là. Depuis qu'elle les avait connu, c'était comme un souffle nouveau. Chaqu'un avait subit la dureté de la vie, mais tous s'en étaient sortit.Pourtant, Aurore sentait que sa vie s'arrêtait là.
Le silence de Veïa voulait tout dire, et Aurore prit son courage à deux mains.

"Veïa, je dois ... "

Elle se rendit alors compte de l'importance de ce qu'elle allait dire.

"Je ... veut ... dois ... partir."

Elle lacha ses dernier mots, comme un fardeau trop lours pour ses lèvres.

*¤*Glace...*¤*

¤Glace...¤