Arrêtez de me regarder ! [Pv Bleuette]

Isil pénétra dans le dortoir en compagnie de Bleuette. Elle croisa son regard dans la glace qui était accrochée à la porte. Ses lèvres bleuies commençaient à reprendre leur couleur normale grâce à la température ambiante bien supérieure à la température extérieure, mais elle avait toujours un teint de lait tourné. Elle mâchonna pensivement une longue mèche châtain tout en observant les murs. Couverts de posters, d’ailleurs, des posters de très mauvais goût. Elle aurait mille fois préféré des images de concerts, de guitares, de musique, mais à la place, des filles sur papier glacé, un sourire figé collé sur les lèvres se déshabillaient devant elle. Iléna haussa les épaules. Si elle était toute seule, elle referait la déco. Avec quoi, elle ne savait pas trop, mais elle ne pourrais pas dormir tranquille avec ces dizaines d’yeux posés sur elles. Fixes.

Elle s’avança entre les lits, choisit celui en face de la fenêtre, puis se ravisa, en ayant un haut le cœur après avoir observé le paysage qui tanguait derrière le hublot. Elle opta pour la place près du radiateur, bien planquée dans le fond, où elle pourrait dormir tranquille, et surtout loin de la porte et des cris de mouettes. Elle s’assit sur la couverture, tâta le tissu qui lui semblait doux, rebondit mollement sur le matelas qui paraissait confortable. Elle vivrait de bien meilleures nuits dans cette chambre que dans celle qu’elle avait avant, c’était une certitude. Elle avait perdu Miss Bleuet de vue, mais elle s’en fichait pas mal, après tout, l’adulte faisait sa vie comme elle l’entendait.

Isis allongea ses jambes sur le lit. Elle aimait beaucoup ses chaussettes, bariolées marron et jaune, qui lui montaient jusqu’au dessus des genoux. Elle aimait aussi sa jupe, relativement courte, mais pas trop quand même, qui était marron, d'un joli marron. Elle se serra contre le radiateur qui lui procura une sensation de bien être étrange, si on ignorait la nausée qui la tenait depuis qu’elle était entrée sur le port. Elle se mit à jouer avec les fils du rideau, accroché au dessus du lit mais sans aucune utilité étant donné qu’il n’y avait pas de fenêtre derrière. Elle les tira de façon à camoufler une blonde pulpeuse qui la regardait avec de grands yeux fixes.

La chambre des filles se profilait au bout du couloir. Veïa tenait toujours les valises dans ses mains, mais, comme hypnotisée par la jeune fille devant elle, les bagages ne lui firent plus d'effet. Plus de sensations au niveau des mains, de moins en moins au niveau des avants bras... Si quelqu'un se serait amusé à soulever les manches de la jeune femme, il se serait pourtant aperçut que les bras de la jeune femme allaient en bleuissant.

Enfin, les deux jeunes femmes arrivèrent à destination. L'adolescente au nom de déesse égyptienne fit la moue, puis, ne s'occupa plus de Veïa. Elle choisit tout d'abord un lit près de la fenêtre, mais apparemment, vue sur la mer, celui ne lui convenait pas. Elle prit donc un lit un peu à l'écart, comme s'il voulait se cacher, mais sans montrer qu'il se cachait.

Alors, Veïa fut emportée par le nombre de photos de Marylin. Elle adorait cette actrice, qui, pourtant partie trop jeune, avait marqué les esprits. Elle était d'une beauté qui révolutionna tout Hollywood, elle choisissait ses films toujours avec talent. L’actrice jouait sans problème. Malheureusement, elle sombra dans les tortueux labyrinthes de la dépression, et n’en revint plus…

Secouée, la jeune femme observa l’adolescente, qui était habillée telle une abeille. Pourtant, elle le portait bien, et l’impression qu’une abeille géante s’était installée sur son paquebot disparut complètement. Elle s’attachait à cette jeune fille paumée, qui, par chacun de ses gestes, lui faisait penser à combien la vie était difficile, quand on est ado…